Personnalités - Chefs de musique

Gabriel Parès :

par Axel Chagnon

est né le 28 novembre 1860 à Paris, caserne du boulevard Henri IV. Son père, Philippe, était musicien de 1re classe depuis 1856, clarinette solo à la musique de la Garde de Paris, devenue Garde Républicaine.

Parès
Photo prise en 1898

Gabriel commence la musique à l'âge de 14 ans sous le professorat de Jacques Maury, sous-chef de musique à la Garde de Paris, et professeur au Conservatoire de musique de Paris, et lui donne des cours de cornet à piston. Brillant élève entré au Conservatoire en 1877, il obtient dès sa première année un 1er accessit de cornet, et, l'année suivante, un 1er prix à l'unanimité !

En 1880, il s'engage pour cinq ans à la musique de l'artillerie de Vincennes qui avait alors pour chef, Felix Leroux. Il étudie l'harmonie et l'orchestration militaire sous la direction de L. Girard ; puis entre au Conservatoire dans la classe de Théodore Dubois et de Léo Delibes, complétant ses connaisances d'harmonie, contrepoint, fugue et composition.

En 1881, il est reçu premier au concours pour le grade de sous-chef de musique, et est nommé au 74e régiment d'infanterie. En 1883, reçu premier au concours pour le grade de chef de musique, il est nommé au 69e régiment d'infanterie à Nancy. La même année, il participe au concours pour l'emploi de chef à la musique des équipages de la Flotte de Toulon. Reçu encore premier, il prend possession de son poste avec le grade d'enseigne de vaisseau.

Dans cette musique, il mène à bien son projet de réorganisation des orchestres d'instruments à vent, harmonies et fanfares. Malgré ses 23 ans, sa maîtrise et son autorité s'imposa sur des musiciens de carrière beaucoup plus âgés; si bien qu'après son passage, les anciens gardaient le souvenir ému « du temps de Gabriel!... ». En 1889, la musique, venue à Paris à l'occasion de l'Exposition universelle, fut particulièrement remarquée au festival militaire du Palais de l'industrie. On admira l'art de son chef, tellement les sonorités se rapprochaient de l'orchestre symphonique.

En 1892, après un brillant concours entre les chefs de musique de l'armée, Gabriel Parès succéda à Gustave Wettge comme chef de musique de la Garde Républicaine. De 1892 à 1911, il conduisit sa musique de succès en succès, aussi bien en France qu'à l'étranger.

Le 8 avril 1899, lors d'un concert au Trocadéro, il conduisit les quatres premières musiques militaires de France de cette époque : Garde Républicaine, équipages de la Flotte de Toulon, 1er Génie de Versailles et Artillerie de Vincennes, unies, en un ensemble d'une magnificience inouïe, avec les grandes orgues tenues par le maître Guilmant. Il fit de nombreuses tournées triomphales à l'étranger : Turin en 1902 ; Genève, Montreux et Lausanne en 1903 ; Saint-Louis, Montréal et New-York en 1904 ; Londres, en Suisse romande et à Milan en 1906 ; en Espagne en 1907...

Surmené par des années de direction, de voyages, de compositions, de travaux de toutes sortes, Gabriel Parès demanda sa mise à la retraite en décembre 1910. Il s'est dit qu'il avait démissonné car il était lassé des intrigues politiciennes pour obtenir des concerts avec la musique. Toutefois, pendant la Grande Guerre, en 1916, il forme une harmonie de 40 musiciens militaires réformés ou libérés et donnera durant trois mois, des concerts à l'exposition de San Francisco. En 1918, Clemenceau confie à Gabriel Parès la direction de concerts en Amérique afin de provoquer les engagements de combattants américains. La musique, renforcée de 4 clairons et de 4 tambours, parcours pendant près d'un an une quantité de villes et de camps d'instruction d'Amérique.

Malgré ces années de direction, il prit le temps de composer énormément d'ouvrages : compositions, transcriptions, méthodes, ouvrages d'instruction...! Indépendamment des nombreuses transcriptions d'opéras, où se révèle une véritable science d'orchestration, on doit à Gabriel Parès, outre des marches militaires fort réussies, comme Le Voltigeur, Le Grognard, La Marche cosaque, etc., des ouvetures dramatiques de grande allure, telles que Rollon, Richilde, Les Deux Fiancés, La Saint-Hubert. Il a écrit également, pour orchestre symphonique, une série de pièces comme la Polonaise de concert, le Divertissement Tzigane, la Marche solennelle, Sous les étoiles, Gavotte-Ninon, Pastorale, Entr'acte pizzicato, etc...

Au théâtre, en collaboration avec son frère, il donna à Marseille, en 1893, un opéra-comique : le Secret de Maître Cornille, qui obtint un vif succès. Toujours en compagnie de son frère, il écrivit la musique du divertissement militaire franco-russe intercalé dans Michel Strogoff, etc.

Il publia de nombreux ouvrages d'enseignement musical, tels que Méthodes pour tous les instruments à vent, et un Traité d'instrumentation et d'orchestration à l'usage des directeurs de musiques d'harmonie ou de fanfare.

En 1907, en collaboration avec son frère et F. Andrieu, il fonde une revue orphéonique l'Harmonie et la Fanfare nouvelles. Cette revue fut un précieux moyen pour répandre ses idées pour l'amélioration de nos sociétés, aussi bien dans leur constitution et leur répertoire, que dans l'instruction de leur personnel dirigeant et exécutant.

Gabriel Parès dirigeant la Musique de la Garde Républicaine

Gabriel Parès forma une pléiade d'élèves, parmi lesquels, le colonel Pierre Dupont, qui deviendra à son tour chef de la musique de la Garde Républicaine de 1927 à 1944 ; et de nombreux autres chefs de musique militaire.

Gabriel Parès était officier de la Légion d'honneur, officier de l'Instruction publique, chevalier des saints Maurice et Lazare, chevalier de la couronne d'Italie, de Sainte-Anne de Russie, de l'ordre royal de Suède, du Lion et Soleil de Perse, officier de l'Instruction publique Perse.

Il décéda des suites d'une longue maladie le 2 janvier 1934. Ces obsèques eurent lieu le jeudi 4 janvier, en présence d'une foule très nombreuse, composée de nombreux musiciens et de représentants de l'industrie de la musique.

Parès
Plaque murale du 86 rue de Varennes à Paris

Ouverture de Richilde


Lien vers la Bibliothèque Nationale de France


SOURCES :
CORROYEZ, Georges, L’Echo des concours, n°150, 10.02.1934.
COUESNON, Antoine, Panorama musical illustré, 1898.

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