Chant des tabors

par Thierry Bouzard

Les paroles de ce chant sont écrites par Bernard Simiot (1904-1996) et la musique est composée par Alain Romans (1905-1988). Tout deux sont engagés volontaires et dans l'état-major du Corps expéditionnaire français. Simiot est journaliste et romancier. Romans, pianiste virtuose et polyglotte, avait été recruté dès le début du conflit par les services de renseignements britanniques, puis fait prisonnier. Juif, il est déporté à Treblinka, s'évade et rejoint l'Angleterre par Mourmansk. En 1944, il est affecté à l'état-major de la 3e DIA et participe à la campagne d'Italie puis de France.
Le Chant des tabors est créé dans l'amphithéatre de Pompéi récemment libéré. Il a donc été composé pendant les opérations.

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Il est enregistré dès 1945 par Marcelle Bordas (78 tours Columbia CL5041 DF3011) et entre rapidement dans le répertoire des élèves-officiers de Coët puisqu’il est chanté par les élèves de la 7e promotion de guerre (1945-46) (Témoignage du colonel Luciani à l'auteur). Marcelle Bordas enregistre aussi à la même époque la Marche de la 2e DB.

Malgré ses qualités, le chant est ensuite relativement oublié. Il est enregistré par quelques promotions d'élèves-officiers (Général Cailles, ESM 1989, Lieutenant Schaffar, EMIA 1997, Campagne d'Italie, EMIA 2001) et figure sur quelques enregistrements d'hommage à l'armée d'Afrique. Cet oubli pourrait s'expliquer par le souvenir laissé auprès des Italiennes par des troupes supplétives qui exerçaient un « droit traditionnel de razzia ». Toutefois, il semble avoir été exploité par certains historiens car selon le général Jean de Lattre de Tassigny « de tels faits ont été singulièrement déformés et exagérés à des fins anti-françaises ». Cet oubli s'explique aussi simplement pour deux raisons, la disparition des unités de l'armée d'Afrique et le succès du chant Les Africains, devenu le chant traditionnel de cette armée. Marcelle Bordas ne chante que les couplets 1 et 6. Vu le nombre peu ordinaire de couplets pour un chant militaire (8), les enregistrements ne les fournissent jamais tous.

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1. Zidou l'goudem ! Zidou l'goudem !
Ecoutez le chant des tabors,
Marchez toujours, marchez quand même,
Jusqu'à la fin, jusqu'à la mort,
Tout en hurlant zidou l'goudem,
C'est la dure loi du tabor.

Refrain Regardez les goums qui passent,
L'œil brûlant comme des loups,
Quoi qu'on dise ou quoi qu'on fasse,
Il faut bien compter sur nous,
Hannibal et sa légende,
Ne sont plus qu'un bruit très lointain,
Nous avons promené nos bandes,
De l'Atlas par delà le Rhin.
Dans les rangs des G.T.M.,
A l'appel du grand auroch,
Retentit Zidou l'goudem,
Pour la France et le Maroc !

2. Vêtus de nos robes de laines,
Nous avons laissé nos troupeaux
Notre montagne ou notre plaine,
Pour ne connaître qu'un drapeau.
C'est le fanion d'un capitaine,
Notre destin est le plus beau !

3. Rappelle-toi la Tunisie,
Au temps de nos premiers assauts,
Rappelle-toi la frénésie
Qui s'alluma sous notre peau,
Lorsqu'au Zagouhan, adieu la vie,
Nous nous battîmes au couteau.

4. Sur le sol de la Voie Appienne
Nous avons traîné nos pieds nus,
Puis ce fut la course vers Sienne
L'ennemi fuyait éperdu.
Des baisers des belles romaines
Petit goumier te souviens-tu ?

5. Le beau 15 août, ce fut la France
Qui nous reçu les bras tendus,
Nous apportant la récompense
Du bonheur enfin revenu.
Marseille et toute la Provence
Ont chanté quand ils nous ont vu.

6. Coureurs de bled, coureurs d'espaces,
Bien serrés dans nos djellabas,
Il fallut poursuivre la chasse,
La neige crissant sous nos pas.
Mais nous entrâmes en Alsace,
Teintant de rouge le verglas.

Refrain Regardez les goums qui meurent
Sans un cri comme les loups,
Lorsque vient la dernière heure
Les goumiers meurent debout.
Hannibal et sa légende
Ne sont plus qu'un bruit très lointain.
Nous avons promené nos bandes
De l'Atlas par delà le Rhin.
Dans les rangs des G.T.M.,
A l'appel du grand auroch,
Retentit Zidou l'goudem !
Pour la France et le Maroc.

7. Après le Rhin, la Forêt-Noire
Nous vit surgir tels des démons.
On se ruait vers la victoire,
Puis un soir d'avril nous plantions,
Ah le beau soir doré de gloire,
Dans le Danube nos fanions.

8. On chantera, la chose est sûre,
Pendant cent ans et beaucoup plus,
Les exploits et les aventures
De ceux qui se sont tant battus.
Goumier à la robe de bure,
Tu peux rentrer dans ta tribu.

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