Lettre de l'Adjudant-chef Roch, sur la sonnerie « Aux Morts »

retranscription par Axel Chagnon

Drancy, le 13 mai 1947.

L'adjudant-chef Roch, Chef de la fanfare de la garde républicaine, [1]

à Monsieur le président du Comité de la Flamme

100 rue Réaumur à PARIS (VIIe)

Comme suite à notre conversation de lundi dernier, j'ai l'honneur de vous donnerles quelques renseignements complémentaires concernant la sonnerie « Aux Morts ».

C'est en septembre 1933 que fut créée la sonnerie - le Général Gouraud Gouverneur Militaire des Invalides avait demandé à Monsieur Dupont chef de la musique de la garde d'écrire quelques sonneries pour rendre hommage aux morts en s'inspirant de la sonnerie américaine « Taps ».

Lorsque le travail fut terminé par Monsieur Dupont il a fallu faire entendre au Gouverneur ces différentes sonneries et je fus désigné pour les exécuter l'une après l'autre. Après avoir tout entendu le Général arrêta son choix sur la sonnerie actuelle, mais avant j'ai du me rendre à la caserne de la Tour-Maubourg pour l'apprendre aux Clairons du 24e R.I.. Une heure plus tard la sonnerie « Aux Morts » était définitvement adoptée et pendant des années, à chaque fois qu'on demandait un clairon pour jouer « Aux Morts », c'est à moi que revenait cet honneur. J'étais à cette époque clairon solo à la garde républicaine de Paris.

En conclusion, le fait d'avoir exécuté le premier et mis au point la sonnerie « Aux Morts », ne constitue peut-être pas un fait méritant une récompense, mais on a donné la Légion d'Honneur au Clairon Sellier qui a sonné le « Cessez le feu » en 1918, et je crois avoir mérité que le public sache à qui l'on doit la sonnerie « Aux Morts ». Monsieur Dupont n'a fait que reprendre pour cette sonnerie la finale du chant du Départ de Mehul « Pour elle un français doit mourir ».

En m'excusant de vous importuner pour si peu, je vous prie monsieur le président de croire à mon respectueux dévouement.


SOURCES :
Archives de la musique de la gendarmerie mobile.

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