Fanfare principale de l'arme blindée cavalerie
Correspances du général de brigade (2S)
Philippe-Charles Péress

(Collection Frédéric Conrad)

(Collection Frédéric Conrad)


(Collection Frédéric Conrad)

(Collection Frédéric Conrad)


(Collection Frédéric Conrad)

(Collection Frédéric Conrad)
Fanfare principale de l'arme blindée cavalerie (1994-1999)
Désigné en 1994 comme commandant en second de l'École de Cavalerie, sa fanfare était dans mes attributions, ce qui me convenait parfaitement car on venait d'affecter un chef avec lequel, m'avait-on dit à Paris, j'aurai le « fit ». Celui-ci fut pratiquement immédiat avec le lieutenant Éric Conrad. Sous son influence bénéfique, la fanfare progressait rapidement et devenait « Fanfare Principale de l'Arme Blindée Cavalerie ». Le recrutement de bons musiciens appelés fut organisé et petit à petit, cette manière si particulière, dynamique et enlevée qui devrait toujours caractériser une fanfare de cavalerie, avec ce je-ne-sais-quoi de coup de langue qui la transcende fut atteinte.
Ensuite le trompette-major me proposait de mettre la fanfare à cheval pour relever une tradition abandonnée depuis longtemps. La hiérarchie convaincue non sans mal que l'Arme y gagnerait en visibilité et en prestige, la chose fut mise en route. Naturellement beaucoup pensaient que c'était folie et prévoyaient le pire. Mais le défi fut relevé avec brio. Avec une trentaine de chevaux les plus calmes de l'École, sous la houlette des maîtres de manège et du trompette-major, nous pouvions présenter un ensemble jouant juste au pas et au trot et capable d'évoluer au galop. Mené par son chef suivi du timbalier, l'ensemble commençait à avoir de l'allure.
Souhaitant rendre la fanfare plus présentable, je bataillais ferme avec le Commissariat de l'Armée de Terre pour qu'il fournisse vareuses, képis, culottes, bottes et éperons qui n'étaient pas destinés aux appelés. En parallèle, le chef de fanfare réunissait les harnachements réglementaires, brides et selles d'arme, couvertures bleues et pour les prestations enseignées aux trompettes le pansage de parade des chevaux. Trompettes et chevaux étaient élégants. La tradition grâce à un travail acharné était de retour. L'aguerrissement de cet ensemble pour un emploi en représentation publique, se faisait par des sorties régulières dans la ville de Saumur afin d'habituer chevaux et cavaliers à tous les bruits étranges, mouvements extérieurs brusques et autres imprévus. Bientôt, la maîtrise fut considérée suffisante pour se risquer de se produire en public.
Le pari étant gagné, la fanfare montée de l'École de Cavalerie était fort demandée, non seulement pour le Carrousel de Saumur où elle se produisait devant des milliers de spectateurs, mais aussi pour les Galas du Cadre Noir, tant à Saumur qu'à Bercy, où elle remportait un grand succès. Rançon de la gloire, la fanfare nous était enlevée pour le 14 Juillet à Paris oû elle animait la revue des troupes blindées devant la tribune présidentielle nous laissant ici fort dépourvus...
Afin d'améliorer encore la prestance de cette fanfare, je trouvais les fonds pour faire réaliser des tenues au règlement de 1900, vareuse bleu-nuit courte et culotte rouge avec trèfles blancs. Le capitaine Conrad trouvait la fabrique lyonnaise capable de tresser à l'identique le galon de fonction tricolore porté par les trompettes à l’époque. L'ensemble était magnifique et quasiment authentique. La fierté des trompettes était telle que beaucoup faisaient réaliser leur portrait pour en faire des cartes pour leur famille. Mais le capitaine Conrad entreprenait également un travail patrimonial d'une importance capitale : l'enregistrement (dans la chapelle de l'École) de l'ensemble des sonneries, refrains régimentaires et marches de la Cavalerie. Vingt disques compacts étaient ainsi réalisés, véritables archives vivantes du patrimoine musical cavalier, tant par l'étendue du répertoire conservé que par la manière de l'interpréter. Grâces lui soient rendues pour ce travail indispensable de préservation !
Hélas, il suffit de peu pour que tout s'écroule. Le passage à l'armée de métier réduisait considérablement les effectifs de l'École. Pour anticiper le futur, je préparais un plan de fanfare professionnalisée à dix-sept exécutants en double qualification pour conserver cette richesse durement acquise. Mon successeur pensait autrement et ne suivit pas le plan. Les trompettes qui avaient signés un engagement le résilièrent en majorité et la fanfare disparaissait. Combien ai-je entendu de lamentations en haut-lieu au sujet de ce vide et de ce manque ! Mais il y a des fautes qui sont impossibles à rattraper.
Général de brigade (2S) Philippe-Charles Péress

(Collection Frédéric Conrad)