Fanfare principale de l'arme blindée cavalerie Témoignage du lieutenant-colonel (r)
Dominique Siegwart


conrad
Escadron de transport et de liaison.
(Collection Frédéric Conrad)

La fanfare principale de l’arme blindée cavalerie, sous la direction du trompette- major Éric Conrad, était rattachée à l’escadron de transport et de liaison de l’école d’application de l’arme blindée cavalerie de Saumur. Cet escadron fut commandé successivement par les capitaines Éric Plantiveau (1994-1996) puis Vincent Huot (1996-1998) puis Dominique Siegwart (1998-2000).

conrad
Capitaine Dominique Siegwart.
(Collection Frédéric Conrad)

Mais antérieurement à mon temps de commandement, j’avais régulièrement contact avec la fanfare car j’occupais de 1995 à 1997 les fonctions d’officier adjoint à la section équestre militaire de Saumur commandée alors par le lieutenant-colonel Patrick Mozat. Je veillais à fournir un montoir adapté à cette formation à l’entrainement et organisais ses séances à cheval dont les instructeurs furent le major Bruno Goupil, l’adjudant Éric Brault, l’adjudant Jean-Pierre Delmas et enfin le major Claude Herbreteau lesquels dispensèrent leurs cours dans nos manèges, au Breil et en ville.

conrad
Major Bruno Goupil, lieutenant trompette-major porte-étendard Éric Conrad montant Oviedo et adjudant Jean-Pierre Delmas.
(Collection Frédéric Conrad)

C’est par une initiative du trompette major et par sa capacité à convaincre l’inspection de l’arme blindée cavalerie ainsi que le général commandant l’école que fut remontée à cheval la fanfare.

À de rares exceptions près, les trompettes incorporés à la fanfare n’avaient jamais pratiqué l’équitation auparavant et seuls les contingents d’octobre, décembre, février et avril bénéficiaient d’une instruction équestre intense afin d’assurer les prestations musicales à cheval d’avril à fin juillet.

Durant cette période, les chevaux affectés à la fanfare étaient logés dans les écuries du Manège, perpendiculaires à la Loire et face au manège des Écuyers et cela redonnait ainsi provisoirement vie au Chardonnet. Cette entité presque autonome était placée sous la responsabilité du trompette-major et un trompette garde d’écurie veillait continuellement sur les chevaux tout au long de la semaine, selon l’usage.

conrad
Fanfare principale de l'arme blindée cavalerie.
(Collection Frédéric Conrad)
La formation sportive et militaire était assurée par le chef de peloton, l’adjudant chef Jean-Pierre Metzger.

Une salle d’instruction avait été attribuée dès 1994 à la fanfare pour les archives musicales de la famille Conrad, les harnachements d’arme du modèle 1874 (brides, selles, couvertures etc.), les lances modèle 1821 ainsi bien sûr que les instruments de musique spécifiques (timbales et hélicons) appartenant au trompette-major.

conrad
Les trompettes contrebasses (hélicons).
(Collection Frédéric Conrad)

Mais ce peloton avait aussi une vocation militaire opérationnelle car chaque trompettes possédait une double qualification et participait ainsi à la formation des sous officiers stagiaires, des lieutenant de la division d’application et des capitaines du cours de perfectionnement des officiers subalternes, soit au sein du peloton Milan du 3ème régiment de chasseurs de Fontevraud soit comme conducteur de VLTT P4 (véhicule léger) ou de poids lourds lors des missions d’instruction réalisées par l’école et lors du camp annuel des écoles à Mailly.

En outre, les trompettes participaient au service intérieur de l’école : garde au poste de sécurité, un conducteur de permanence désigné pour une semaine ainsi qu’un trompette de service qui sonnait les sonneries réglementaires de quartier tout au long de la journée, du réveil à l’extinction….

Tout cela donnait un état d’esprit joyeux, vif et plein de chic à ce peloton toujours très actif, chantant fièrement en se déplaçant au pas cadencé Les Houzards de la Garde.

conrad
Le saut de la table.
(Collection Frédéric Conrad)

Alors que je commandais l’escadron, la professionnalisation des armées annoncée en février 1996, engendra des modifications structurelles importantes liées à une déflation considérable des effectifs de toutes les unités et écoles. Saumur ne fut pas épargné.

Je me souviens d’une réunion organisée à l’escadron au printemps 1999, présidée par le chef de corps le colonel Hugues Thomas de Labarthe et en présence du lieutenant colonel Thierry Lahorgue, commandant le groupe d’escadrons des services et destinée à annoncer les solutions envisagées pour une réorientation du personnel de la fanfare. A l’annonce de sa dissolution, ce fut une immense déception qui saisit le personnel de ce peloton mais aussi les cadres de l’école particulièrement attachés à cette formation, dernière fanfare montée de l’armée de terre, digne de la cavalerie d’autrefois. Tous les efforts déployés par le trompette-major ou d’autres chefs éminents restèrent vains. Cela laissa pour bien des saumurois un goût amer et un sentiment de gâchis lorsque résonnèrent des derniers éclats de trompette.

Pour ma part, je me souvenais du titre d’un ouvrage du général René Chambe, (1889-1983) sous-lieutenant à Saumur en 1913, aviateur en 1915 qui rassembla ses souvenirs dans Adieu Cavalerie. J’avais l’impression qu’une page se tournait définitivement.

À Saumur, le 23 avril 2024.

Lieutenant-colonel (r) Dominique Siegwart

conrad
Fanfare principale de l'arme blindée cavalerie.
(Collection Frédéric Conrad)
conrad
Fanfare principale de l'arme blindée cavalerie.
(Collection Frédéric Conrad)
conrad
Fanfare principale de l'arme blindée cavalerie.
(Collection Frédéric Conrad)
conrad
Fanfare principale de l'arme blindée cavalerie.
(Collection Frédéric Conrad)
conrad
Fanfare principale de l'arme blindée cavalerie.
(Collection Frédéric Conrad)
conrad
Fanfare principale de l'arme blindée cavalerie.
(Collection Frédéric Conrad)

Retour à « Dossiers - Famille Conrad »