Le trompette Joseph Ott sonne le Cessez-le-feu pour la Libération de la Capitale


par Frédéric Conrad.


Le 26 août 1944, à Paris, le trompette Joseph Ott, du 3e escadron de la garde de Paris, sonne le Cessez-le-feu près de l'hôtel de la ville pour la fin des combats. Pour la circonstance il est photographié rue de Rivoli devant le magasin Aux Ciseaux d’Argent. Notre regretté ami Daniel Lordey, peintre de l’Armée, s’était inspiré de cette photo pour une gouache remettant le trompette Ott dans le contexte historique.


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25 août 1944, le trompette Joseph Ott sonne le Cessez-le-feu à Paris, par Daniel Lordey.
(Collection Frédéric Conrad)

La garde avait été intégrée en avril 1944 au sein des futures « forces gouvernementales » de l’insurrection nationale préparée depuis Londres. Elle s’était dès lors préparée pour l’action à venir. Le 18 août, alors que la percée des armées alliées précipite la retraite allemande, un état-major des « forces gouvernementales » s’installe boulevard de La Tour-Maubourg en prévision du soulèvement parisien. Le lieutenant-colonel Capdevieille, qui a commandé la cavalerie de la Garde, prend le commandement de la gendarmerie de la région de Paris avec le grade de général FFI. L’insurrection est déclenchée dans la nuit du 18 au 19.

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3e escadron de la garde républicaine de Paris, 1934 : le trompette Joseph Ott au centre.
(Collection Frédéric Conrad)

Dans l’après-midi du 19, la Garde tient, outre ses casernes, la majorité des édifices clés de la capitale : le palais de l’élysée, plusieurs ministères, la Banque de France, l’hôtel des PTT, la radio nationale. Après que les officiers peu sûrs aient été mis aux arrêts, la garde combat à la préfecture de police, à l’hôtel de ville et sur une vingtaine de points de la capitale insurgée. Le soir du 19, la Garde a déjà mis en place l’ossature du futur gouvernement de la Libération et en assure la protection. Le 24 août au soir, le capitaine Dronne, de la 2e DB arrive, à Paris pour annoncer l’arrivée de la division. Le vendredi 25, la Division Leclerc entre dans Paris, accompagnée par la 4e division américaine. Dans l’après-midi, de violents combats se déroulent au centre de Paris. à 15 h 30, le général Philippe Leclerc de Hauteclocque reçoit la reddition du gouverneur militaire de la place de Paris, le général Von Choltitz.

Le 26 août, Paris est libéré. Le général de Gaulle est attendu à l’hôtel de ville où il va prononcer son célèbre discours « Paris libéré... ». Les trompettes de la garde sont sollicités pour la circonstance et revêtent leur grande tenue de service. Ils jouent sur le perron de l’hôtel de ville pour cet instant historique en présence du général de Gaulle, des généraux Leclerc et Kœnig, et du nouveau préfet de police, Luizet. à 16 h 15, ordre est donné au trompette-major Raoul Posen de désigner un trompette pour sonner très officiellement le Cessez-le-feu. Le choix se porte sur le trompette Joseph Ott qui exécute la sonnerie du Cessez-le-feu rue de Rivoli, à l’angle du Bazar de l’Hôtel de Ville, face à l’hôtel de ville de Paris. En grande tenue de service, il porte au bras gauche un brassard tricolore à croix de Lorraine, tout en ayant conservé sur la poitrine à droite l’insigne accordé en 1942 à la garde par le régime de Vichy. Un silence fige la foule qui laisse ensuite éclater sa liesse à la fin de la sonnerie.

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Le maréchal des logis-chef trompette Joseph Ott, en 1954.
(Collection Frédéric Conrad)
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Le maréchal des logis-chef trompette Yohann Pouponnot
lors de l’inauguration de la plaque commémorative, le 25 août 2017.
(Collection Frédéric Conrad)

Mais l’occupant est encore capable de frapper aveuglément, comme sur le parvis de Notre-Dame ou lors d’un bombardement aérien dans la nuit du 26 au 27 août sur la caserne Schomberg, dans le 4e arrondissement[1]. Le trompette Maurice Violeau, du 2e escadron, qui avait participé dans l’après-midi aux cérémonies, y est tué avec treize autres personnes.

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Le trompette Maurice Violeau et la plaque aux victimes du bombardement du 26 août 1944, Caserne Schomberg, Paris.
(Collection Frédéric Conrad)

Le 25 août 2017, devant le n°68 de la rue de Rivoli, une plaque a été dévoilée en l’honneur du trompette Joseph Ott. Pour la circonstance, le maréchal des logis-chef Pouponnot a interprété la sonnerie du Cessez-le-feu comme 73 ans plus tôt au même endroit.
Le nom « Joseph Ott » a en outre été donné à la salle de répétition de la fanfare de cavalerie de la garde républicaine.

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La plaque commémorative au 68, rue de Rivoli, Paris.
(Collection Frédéric Conrad)
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La plaque de la salle de répétition de la fanfare de cavalerie au quartier des Célestins, Paris.
(Collection Frédéric Conrad)

Dans le cimetière de Saint-Léon (Allier), la tombe de « Joseph Ott (1901-1979) - Valentine Ott (1903-1996) » porte une plaque de marbre noir ornée de l’insigne de la garde avec l’épitaphe : « Ici repose celui qui le 26 août 1944 au terme d’une semaine de combats est entré dans l’histoire en sonnant le cessez-le-feu marquant la Libération de Paris, le chef trompette Joseph Ott de la garde républicaine. »

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Sonnerie triomphale et marche composées par Frédéric Conrad.
Enregistrées par la musique de la gendarmerie mobile,
direction Olivier Garnier.

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