Le trompette Bernard Conrad
de la compagnie saharienne portée
de la Zousfana
(1953-1955)
par Bernard Conrad.

Le 30 novembre 1952, à Ouargla, chef-lieu du Territoire des Oasis, on a célébré avec éclat le cinquantenaire de la création des compagnies sahariennes : on y a exalté l’œuvre immense accomplie par ces magnifiques unités, conduites par des chefs prestigieux. Le gouvernement par l’intermédiaire du ministre, sous-secrétaire d’état aux Forces armées, a témoigné sa gratitude et sa reconnaissance en les citant à l’ordre de l’Armée et en épinglant à leur étendard la croix de guerre 1939-1945 avec palme.
La Zousafana[1]

(Collection Frédéric Conrad)
À cet hommage officiel, le ministre dans son allocution a donné toute sa valeur, en y associant (on lui sait gré de ne pas l’avoir oublié) le souvenir d’une autre arme que l’éclat exceptionnel des compagnies sahariennes a rejeté dans l’ombre : nous voulons parler des unités de tirailleurs et de spahis sahariens, dont on ne se souvient guère actuellement et qui furent cependant les sœurs aînées des compagnies sahariennes. Elles étaient composées de deux compa- gnies de tirailleurs sahariens et d’un escadron de spahis sahariens. Fortement aguerris et riches d’une expérience chèrement acquise, elles constituèrent à leur dissolution, en 1902, le noyau autour duquel se formèrent les trois compagnies des oasis sahariennes, sous l’impulsion ardente de l’un des leurs, le chef d’escadrons Henry Laperrine d’Hautpoul, le meilleur animateur de l’escadron saharien. Ce sont des titres dont elles auraient pu s’enorgueillir, mais elles ont d’autres fleurons à montrer, ne serait-ce que la part grande et glorieuse qu’elles prirent à la conquête des oasis sahariennes, prélude à l’épopée saharienne.

(Collection Frédéric Conrad)
Au début de l’année 1947, le groupement des unités sahariennes de l’Ouest comprenait une compagnie de commandement à Colomb-Béchar, un peloton motorisé qui provenait des autos spéciales sahariennes rattaché à la compagnie méhariste de la Saoura à Tindouf et le peloton motorisé de la compagnie méhariste du Touat à Adrar. Ces éléments furent à la base de la compagnie saharienne portée de la Zousfana créée le 21 avril 1947 et mise sur pied effectivement le 1er juin à Colomb-Béchar. (La compagnie de commandement et le peloton motorisé du Touat formèrent la portion centrale alors que le peloton motorisé de la Saoura y resta détaché). Après le cessez-le-feu du 19 mars 1962 en Algérie, la compa- gnie saharienne por- tée de la Zousfana sera dissoute le 30 septembre 1962. Le 1er janvier 1961, l’Arme Blindée et de la Cavalerie prend en charge les 2e et 3e groupes sahariens motorisés et quatre compagnies portées (les compagnies de l’Oued Rhir, des Oasis, de Metlili et la 1re compagnie saharienne portée de la Légion étrangère) qui deviennent « escadrons ». La compagnie saharienne portée de la Zousfana comprenait un effectif de deux cent trente hommes,articulé comme suit :
- un peloton de commandement
- un peloton canons à deux 75 (perçu fin 1952)
- trois pelotons de fusiliers-voltigeurs initialement trop lourds puisqu’ils comprenaient chacun deux groupes de combat, deux mitrailleuses Hotchkiss et un mortier de 60. Ces derniers pelotons furent allégés par la suite, ce qui permit la création le 11 juin 1952 d’un nouveau peloton de cinq automitrailleuses sans modifier l’effectif total.
Le trompette.

(Collection Frédéric Conrad)
Muté à la compagnie saharienne portée de la Zousfana par changement d’armes le 8 août 1953. Nommé 1re classe le 28 août 1953. Rengagé pour deux ans compagnie à compter du 13 septembre 1953. Nommé brigadier le 1er janvier 1954 ; brigadier-chef le 1er juillet 1954. Rayé des contrôles le 12 septembre 1955. Affecté au peloton d’automitrailleuses pour y exercer les fonctions de radio puis de chef de voiture ainsi que celle de trompette au sein de la compagnie, l’auteur de cet article nous décrit (selon ses souvenirs) les différentes tenues qu’il porta de 1953 à 1955. Notons que certains attributs de l’uniforme, confectionnés par les tailleurs locaux, ne respectent pas toujours le règlement !
La tenue.
Képi :
- Bandeau bleu ciel
- Turban et calot bleu ciel
- Fausse jugulaire : or pour les brigadiers-chefs, argent pour les brigadiers, bleu ciel pour les 1re et 2e classes.
- Petits boutons or
- soutaches blanches
- nœud hongrois blanc
- attribut : une étoile à cinq branches soulignée d’un croissant montant biseauté or.
Bonnet de police :
- Bandeau et calot jaune
- Fond garance
- Sans liseré
- Insigne : étoile à cinq branches soulignée d’un au titre de cette même croissant montant biseauté de couleur or et fixé sur la partie antérieure gauche du bandeau. Les Sahariens de souche nord-africaine portent comme effet de coiffure un chèche blanc.
Bouton d’uniforme :
- En tombac à coquille unie ou au motif d’une étoile à cinq branches soulignée d’un croissant montant biseauté or
écusson de bras et de pattes de collet :
(Collection Frédéric Conrad)
- drap de fond garance
- trois soutaches or
- attribut : une étoile à cinq branches soulignée d’un croissant montant biseauté de couleur or
Pattes d’épaule :
(Collection Frédéric Conrad)
- en drap de distinction garance
- attribut : une étoile à cinq branches soulignée d’un croissant montant biseauté de couleur or
- Insignes de grade jonquille et or.
La grande tenue de service.
Képi. Gandoura blanche. Sur la gandoura, les insignes de grade se portent sur une pattelette sur le devant de la poitrine et l’insigne de la compagnie se porte épinglé à hauteur de la poitrine à droite. Ceinture en laine écarlate portée en croix de Saint-André pour les pelotons de voltigeurs et autour de la taille pour le peloton d’automitrailleuses. Baudrier saharien en cuir rouge avec porte-baïonnette pour les pelotons de voltigeurs qui sont armés du mousqueton 1892. Ceinturon avec étui-pistolet en cuir fauve pour le peloton d’automitrailleuses. Le radio qui est armé d’un pistolet-mitrailleur porte un ceinturon avec deux cartouchières en cuir fauve. Ceinturon en cuir blanc pour le trompette. Serroual blanc, nails en cuir blanc. En hiver, même tenue avec les burnous bleu et blanc.
La tenue de sortie d’été.

(Collection Frédéric Conrad)
Képi, boubou (saharienne à manches courtes avec quatre poches, deux pattes d’épaule et une ceinture) : blanc le dimanche, beige la semaine. Pattes d’épaules, insignes de grade métalliques portés sur la poche supérieure droite. Insigne de la compagnie porté au bouton de la même poche. Serroual, blanc ou noir à motifs brodés (variable selon les goûts et les moyens !) le dimanche, beige la semaine. Nails en cuir blanc le dimanche, en cuir rouge la semaine. Un short beige peut être porté la semaine avec des bas (chaussettes) beiges et des chaussures basses en cuir rouge.
La tenue de sortie d’hiver.

(Collection Frédéric Conrad)
Képi, blouson et pantalon ou serroual en drap kaki, pattes d’épaule, insignes de grade portés sur les deux manches, chemise beige, cravate beige. Par temps froid, seul le burnous bleu est porté.
La tenue de garde d’été.
(Collection Frédéric Conrad)
Képi recouvert d’un couvre-képi beige, chemise beige, gandoura beige, serroual beige, nails en cuir rouge, baudrier saharien en cuir rouge, mousqueton 1892 avec baïonnette.
La tenue de garde d’hiver.
Képi recouvert d’un couvre-képi beige, blouson et pantalon ou serroual en drap kaki, chemise beige, cravate beige, guêtres en toile kaki, brodequins en cuir rouge, baudrier saharien en cuir rouge, mousqueton 1892 avec baïonnette. Par temps froid, une djellaba en poils de chameau est portée. La tenue de travail est identique à la tenue de sortie de la semaine, mais avec un couvre-képi beige ou le bonnet de police.

Refrains composés par Bernard Conrad.
Enregistrés par Les trompettes du « boute-selle » : REFRAIN DE LA COMPAGNIE MÉHARISTE DU TOUAT REFRAIN DE LA COMPAGNIE MÉHARISTE DE LA SAOURA REFRAIN DE LA COMPAGNIE MÉHARISTE DU TASSILI REFRAIN DE LA COMPAGNIE MÉHARISTE DE L'ERG ORIENTAL REFRAIN DE LA COMPAGNIE SAHARIENNE PORTÉE DE LA ZOUSFANA REFRAIN DE LA COMPAGNIE SAHARIENNE PORTÉE DES OASIS
Marche et sonnerie triomphale composées par Bernard Conrad.
Enregistrées par la fanfare principale de l’arme blindée cavalerie, direction Éric Conrad. LA ZOUSFANA (marche) L'ÉTENDARD DES COMPAGNIES SAHARIENNES (sonnerie triomphale)