Principe pour les tambours, par le Sieur Caro, premier tambour de la première compagnie des mousquetaires du Roy, 1756

par Axel Chagnon













Analyse

Cette ordonnance des mousquetaires est l'exception qui confirme la règle : alors que l'ordonnance de 1754 était censée unifier toutes les batteries dans l'armée royale, les mousquetaires ont le privilège de posséder la leur. C'est en mars 1756, à Versailles, et en présence du roi Louis XV, que le Sieur Caro dirige seize tambours de Dragons et douze hautboïs (huit hautboïs des Mousquetaires et quatre du régiment de Dragons d'Harcourt) afin de présenter les différentes batteries. Antoine Caro[1], premier tambour de la 1ère compagnie des Mousquetaires du Roi est le principale compositeur, aidé en partie par Baronville, timbalier dans la compagnie des Gardes du Corps de Villeroy.

Un conflit d'interet va apparaît entre les deux protagonistes lorsque Baronville décide de faire graver à son nom l'ordonnance, le faisant passer pour le seul compositeur. Mais dans une lettre du 7 juillet 1756, François-Henri d'Harcourt, comte de Lillebonne, précise :

le Sr Barouville qui a arangé quelques airs sur les parties de l'ordonnance qui ont été changées a fait graver un livre défectueux pour la galerie, qui le fait passer pour le compositeur du total. J'écris à M. le Duc de Chevreuse sur cela en le priant de faire supprimer ce livre et de songer que le Sr Caro, s'est seul donné la peine de l'instruction des Tambours et de la composition des batteries que d'ailleurs son livre leur est nécessaire, et non pas celuy de Barouville qui ne doit être payé que de sa musique. Ayés la bonté de rendre au Sr Caro le service d'en parler à Mr de Paulmi et de luy faire faire un traitement proportioné à celuy qu'a valu au Tambour-major des Gardes, l'Ecole de ceux de l'Infanterie, il mérite que ses soins et son intelligence soient récompensés.Lettre de Harcourt Lillebonne datée du 7 juillet 1756, à M. de La Serre.

Baronville et Caro recevront tous les deux la même somme d'argent : 600 livres chacun ; quant aux hautboï, 30 livres chacun.

Comme pour l'ordonnance de 1754, les premières pages comportent une présentation des différents coups du tambour, tels que les coups simples, le baton rond, le baton rompu, les coups doubles (que l'on nomme aujourd'hui fla), le roulement double (un roulement en flas), le ra simple qui est un ra de quatre ; le ra double ou triple, soit un ra de neuf, et le coup de charge. Il décrit aussi les différents tempo en se servant de la vitesse des différents pas, la marche à 60 pas minute (à la blanche) ou pas redoublé à 120 pas minute (à 120 la noire), mais cela n'est précisé sur aucune batterie. Ce principe pour les tambours était sûrement déstiné aux nouveaux tambours arrivant au sein de la compagnie des mousquetaires.

Caro indique que toutes les batteries commencent à la dragonne, c'est-à-dire en anacrouse (en levant du temps). Par rapport à l’ordonnance de Bombelles, il manque la Fascine ou Breloque, mais sont donnés Le pas redoublé et La diane. Certaines batteries comme La générale, L'ordre, La retraite ou L'enterrement sont presque identiques aux partitions de Philidor ou Bombelles, confirmation de l’importance de ces batteries. Quant aux parties de hautbois, il y a des emprunt pour La marche et La retraite aux airs des hautbois de La marche des dragons du Roy et de Le retraite, issus du recueil de Philidor l'aîné. Pour les autres, elles semblent totalement différentes.

La transcription et les enregistrements sont soumis à débats car lors de la réécriture, j'ai rencontré quelques soucis. Contrairement à l'ordonnance de 1754, aucun tempo n'est indiqué, j'ai dû me servir de cette dernière pour tenter de les déduire. Alors qu'écrire un ra de quatre de anacrouse nous paraît naturel aujourd'hui, cela ne l'était pas à cette période, et pose certains problède compréhension. Enfin Caro propose deux partitions des batteries : une sans les hautbois, et avec l'indication des roulements par 1/4 des tambours, plus courte ; et une deuxième, avec les hautbois, sans les roulements et plus longues. J'ai donc indiqué l'emplacement des roulements par déduction. Pour L'enterrement, afin de simuler le tambour couvert d'un crêpe, j'ai joué sans timbre. Enfin, les fausses notes aux hautbois sont dûes au logiciel qui m'a permit de les réécrire.


SOURCES :
CARO, Principes pour les tambours de mousquetaires, 1756, BnF, RES VMB MS-26.
Archives du Duc de Guise, Documentation et Bibliothèque du musée de l'Armée, Hôtel des Invalides.


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