Personnalités - Autres musiciens
Alfred Jean-Baptiste Lemaire :
par Axel Chagnon
est né le 15 janvier 1842 à Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais). Il était le quatrième fils de François Guillaume Lemaire et Élise Cardon. En 1855, après avoir fini ses études, Alfred quitte sa ville pour étudier au Conservatoire de Paris, et habite dans l'hôtel de son oncle, François Philippe Lemaire. En 1858, ses parents viennent également s'installer à Paris. En 1863, il est diplômé en flûte et en composition, et subvient à ses besoins en tant qu'artiste musicien.
Le 30 mars 1863, il s'engage pour sept ans à la mairie de Courbevoie, et rejoint la musique du 1er Régiment de Voltigeurs de la Garde Impériale, en tant que musicien de 1ère classe, flûtiste.
En 1867, lorsque le Shah d'Iran, Naser al-Din Ŝaho Kaĝaro visite la France, il tombe en admiration devant une musique militaire française, chargée de lui rendre les honneurs. À l'époque, la musique militaire iranienne n'utilise que des tambours (naqareh) et trompettes (karnay) traditionnels. Lorsque le Shah rentre en Perse, en 1867, il demande à son ambassadeur en France, Hassan-Ali Garussi, d'engager un musicien français afin d'enseigner la musique militaire européenne en Iran. Contactant le gouvernement français, le ministre de la Défense Adolphe Niel, choisi d'y détacher Lemaire.
Une fois en Iran, Lemaire achète des instruments occidentaux et organise la formation de musiciens militaires au Dar ul-Funun (école polytechnique). Il introduit des cours d'harmonie en écrivant deux ouvrages. Ses étudiants étaient Darvish Khan, et Gholam Reza Minbashian (Salar Mo'azez), principaux pionniers de la musique classique occidentale en Iran, ainsi que son fils Nasrollah Minbashian. En 1873, avant d'effectuer un autre voyage en Europe, le Shah demande à Lemaire une marche qui serait interpétée pour les cérémonies officielles de la cour, mais aussi lors des cérémonies d'accueil officielles dans les capitales européennes : le Salut royal, Salam-e Shah, devenant le premier hymne d'Iran. Lemaire y passe le reste de sa vie, mais envoit à Paris des arrangements de chants persans, pour piano ou pour orchestre d'harmonie, afin de les faire éditer.
Il se trouve au deuxième rang, le cinquième en partant de la gauche.
En Iran, il épouse Henriette Antoniette Anne Luigi Pesce, colonel Luigi Pesce, professeur militaire. Lemaire et sa femme ont eu un fils et une fille. Il s'est progressivement rapproché du Shah et l'a accompagné lors de voyages en Europe. Après la mort du Shah en 1895, il a continué son travail en Perse pour le nouveau Shah, Muzaffaraddin. En novembre 1906, trois mois avant sa mort, il devient le premier maître adorateur du Réveil de l'Iran, affilié à la Loge maçonnique. Lemaire meurt à Téhéran à l'âge de 65 ans.
Lemaire fut congédié de la Garde Impériale française le 30 mars 1870, avec un certificat de bonne conduite. En Iran, il obtient le grade de général, Directeur des musiques militaires de S. M. Le Schah de Perse ; et est fait Commandeur de l'Ordre Impériale du Lion et Soleil de Perse.
Salut royal, dirigé par Alfred Lemaire.